jeudi 18 février 2010

Choc culturel

Ah... l'adaptation de l'homo occidentalus en terre nippone !


Et ben je dois vous dire que c'est pas d 'la menthe à l'eau! Si le Néo de Matrix a du choisir la pillule bleue pour sortir de la matrice, comme ça facile ! l'homo occidentalus doit se débattre avec sobriété pour comprendre les mécanismes qui animent les 108 millions de japonais, les us et coutumes locales, mais surtout, le challenge est d' intégrer la manière de penser japonaise sans trop juger en se disant que tout à une justification, cela demande du temps et d'expérience... et franchement ce n'est pas facile tous les jours à cerner

Leçon de japonais issue du 1er chapitre des livres d'apprentissage:
1) Présentation basique:

J'ai été surpris de lire qu'une introduction polie contient une formule bien particulière qui est la suivante: "Soyez gentils avec moi et je le serais avec vous"
En guise d'introduction, j'ai pensé que j'avais vraiment attéri dans un autre univers, en effet pour dire cela sérieusement en europe ou en amérique, il faut avoir un profil de personne socialement insécure (ce terme plaira certainement à Maxime Seno), sauf qu'ici le respect, et les formules de politesse sont des valeurs fondamentales, ces valeurs sont essentielles, elles dictent les relations entre individus.

Ainsi on parlera à une personne d'une manière ou d'une autre en fonction du respect qu'on lui doit et du degré de politesse adéquat. Une première rencontre, la rencontre d'un partenaire d'affaire ou d'un client sont des moments très importants ou le but est d'aplatir sa personne le plus possible par des formules de politesses qui ont l'air bien superflues et coincées pour l'homo occidentalus. Celui-ci passera pour un rustre mal élevé s'il se comporte comme il a l'habitude (essayer de blaguer, de rigoler, d'être amical et informel pour détendre l'atmosphère coincée des introductions niponnes est une action inutile et totalement hors sujet, elle est éventuellement acceptée parce que l'homo occidentalus est exotique et que c'est un peu comme au zoo) >>>>>>>>>



En Français on tutoie ou on vouvoie. N'espérez pas si simple ici, beaucoup de mots sont bien différents s'ils sont exprimés de manière formelle ou informelle.
- Genki ? (comment allez vous informel, à un ami)
- Hajimemashite ? (comment allez vous très formel)
Il n'est pas rare pour des personnes ayant plusieurs années de pratique du japonais usuel de la vie de tous les jours de ne plus comprendre ou beaucoup moins, ce qui est dit formellement ( souvent dans le cadre professionnel et l'industrie des services) que de manière informelle entre relatifs.
Ainsi parler à son banquier ou son opérateur téléphonique se trouve souvent être un casse tête pour les initiés.

Il est bien considéré d'accepter toutes les questions sans forcément les retourner (surtout sur l'age).
Remercier une personne 20 fois est considéré comme nécessaire lorsqu'une légère insistance est suffisante en occident.

Si le sarcasme (positif) est une forme d'humour en France, il ne l'est certainement pas au Japon, la preuve en est qu' il n'est d'ailleurs jamais utilisé par les artistes comiques. Si vous l'essayez comme moi, vous récolterez juste une incompréhension pure et simple amenant un souvent à ... un blanc...

Au japon il faut être modeste à tout prix, se mettre en avant est un vice arrogant très individualiste, ainsi un japonais qui n'a pas la maitrise parfaite de la langue de Shakespear mais qui en réalité en rendrait jaloux plus d'un, dira dans un anglais parfait qu'il ne peut pas du tout parler l'anglais (that's fact)

La mesure est de rigueur dans toutes circonstances, on ne lève pas la voix dans une conversation et il n'y a pas d'accent tonique, on parle parfois plus fort, et si on décèle quand même les intonations (parfois seulement) elles sont très subtiles. (si vous pensez évidemment aux émissions TV japonaises que vous avez vu et que vous vous dites que c'est tout le contraire, c'est vrai ! mais "l'entertainement" au japon c'est quelque chose de très spécial, un concept a part ou on aime foutre toutes les valeurs traditionnelles en l'air pour expulser la pression, les frustrations bref toute une fonction sociale).
Revenons à la mesure de rigueur, un japonais pourra donc me confier qu'il a passé la meilleure journée de sa vie et vous aurez l'impression que ce n'est qu'une apparence et qu'il s'est même peut être ennuyé.

Ainsi le tempérament latin, avec ces coups de sang, ces émotions extraverties (parfois trop) et sa parole facile parait évidemment dans ce contexte rude et parfois même mal poli!
Je tiens à rappeler que le désaccord ne s'exprime que très peu en japonais, voir pas du tout, le but est de tomber d'accord en restant le plus poli possible en toute situation.

En revanche, en famille ou en couple les choses sont visiblement bien plus colorées voir même trop souvent selon ce que j'ai pu entendre.
Il semblerait que la routine au sein des couples japonais soit très présente tant l'élément central d'une vie est le travail. La position sociale dominante de la grand mère (familles nombreuses en campagne) ou du mari (familles nucléaires) est très dominatrice, bien plus qu'en occident et ainsi cela donne lieu à entendre des situations de frustrations intra familiales régulières.

La frustration est un sentiment bien trop connu des japonais en couple ou au travail. Cette frustration n'est jamais exprimée, elle est signe de déshonneur, jusqu'à ce qu'on soit au bout du rouleau, ainsi le japon est le pays ou l'on recense le plus de maladies psychologiques et de suicides.


Appréhender une culture ou beaucoup de choses ne s'expriment pas ou peu est très difficile, parfois j'adore la culture tokyoïte, parfois je l'aime beaucoup moins. Ce que l'on peut dire avec certitude c'est que les japonais sont bien plus collectivistes que les occidentaux et qu'ils sont beaucoup plus réservés. Malgré cela on rencontre des individus fantastiques et si les généralités sont vraies il y a dans la plus grande ville du monde des japonais et japonaises qui ne vivent et ne pensent pas comme cela. Il y a de tout, comme partout...

Comment illustrer ce collectivisme et ce sens d'appartenance à la société locale si présent dans la mentalité japonaise et si particulièrement exprimé ?

La semaine derniere je parlais avec le président au japon d'un grand groupe français de l'environnement employant plusieurs milliers de personnes au Japon. Nous avons parlé notamment des releveurs de compteur d'eau et d'électricité:

En France, ils ont disparu, les compteurs sont relevés de manière automatique. Lorsque les directeurs se sont penchés sur les économies qu'ils pouvaient réaliser ils en sont venu au fait que cette fonction de releveur de compteur n'avait plus lieux d'être.
Les syndicats se sont alarmés et avancent une explication bien surprenante à nos yeux.

Les travailleurs qui interviennent dans les maisons des gens tel que les releveurs sont en réalité bien plus que cela:
Les releveurs sont assermentés par la police et font des missions d'information de la police locale pour la tranquillité du quartier qui leur est assigné, il est chargé de converser avec les personnes âgées et isolées pour s'assurer que tout va bien. Il est normal ans sa tache de se voir confier quelques courses ses personnes. Ces releveurs sont aussi des personnes âgées qui bien que pouvant partir en retraite continuent à travailler pour des raisons financières.

Lorsque j'ai entendu ça été très surpris de constater que ces employés de sociétés privées rémunérés exclusivement par leur entreprise fassent effectivement ces taches mais c'est tout à fait normal en réalité ! J'ai compris un peu mieux ce fameux collectivisme et sens civique.
Il y a d'autres exemples comme cela dans différents domaines d'activité au Japon.


Voilà la culture c'est un peu tout ça, c'est aussi une bonne dose de Kawaii (mignon) le rose est LA couleur qui fait vendre, chocolat, boisson, Tshirt, juppes, pokemon, affiches, Hello kittie... ce qui est rose est mignon et ce qui est mignon fait un carton.
Le pays du marketing, je ne comprendrais jamais comment on peut laisser la pub envahir les rues à ce point, si le métro parisien est relativement coloré de ce point de vue là, les rues des quartiers commerciaux sont halluciantes de pub ! les quartiers résidentiels ne sont pas en reste, si la pub version affichage y est bannie, les camions publicitaires tout microphone sorti envoyant musique (douce quand même, je dois dire plaisante parfois) et annonces commerciales passent régulièrement sous les fenêtres...
En revanche point positif pour les métro et trains de Tokyo qui sont impeccables et propres, sans pub, jamais en retard et il y a de la musique sympa de type générique de manga super sympa lorsque les portes se ferment ou lors des annonces. ça change du BBBBBBBBBBBBIIIIIIIPPPP Parisien !

Voilà, le choc culturel est là pour moi! ce n'est évidemment pas un choc du type de ceux qu'on a dans les pays du sud défavorisés mais c'est un autre univers... il est probable que dans quelques mois je relise ce paragraphe en me disant:
"mais qu'est ce que j'y comprenais rien à cette époque !!!"
mais décrire ses impressions à chaud est toujours très intéressant !

N'hésitez pas à laisser vos commentaires surtout si vous avez déjà visité le Japon!
A Bientôt !

dimanche 7 février 2010

Stimulating Tokyo

Bonjour à tous,

Voilà bientôt deux mois que je suis au Japon, je m'y plais de plus en plus, Tokyo est une ville très stimulante. J'ai mainteant un travail et je vis dans une collocation à 10 avec des gens de 4 continents dans le nord ouest de Tokyo. Il y a autour de moi des milliers de choses à découvrir, de nouvelles têtes et de nouveaux quartiers, observer les autres manières de voir la vie. Je dois avouer que le fait d'être un Gaijin (un étranger) à Tokyo qui plus est un Français, aide formidablement à l'intégration.


En effet, les Français ont ici une bonne image, l'idée que je me fais de la manière dont les japonais nous voient me dit que nous sommes nous gaulois, des gens détendus, qui aiment la bonne gastronomie et profiter de la vie au delà du travail. Un peu snobs mais définitivement classy, la maîtrise du Français impressionne car il est difficile à apprendre pour les Japonais.
Allant avec ceci, j'ai appris que nous avions aussi des travers insupportables pour certains japonais ! mais ils sont tout de même vus comme procurant une envergure sociale enviable par le statut projeté. Ainsi nous sommes principalement centrés sur nous mêmes et adorons parler de nous, juger avec dédain certains détails de la vie japonaise en comparaison à notre France ou bien évidemment la vie est plus humaniste.
Je dois dire que dans tout ça il y a beaucoup d'apparences trompeuses et de clichés mais je me suis laissé convaincre un jour qu'il n'y a jamais de fumée sans feu. (le brouillard n'est pas une fumée)

Me voilà donc trimbalant mon bagage de Français qui je dois dire m'aide parfois et me pénalise d'un autre coté me favorise.

Ainsi pour le boulot, je suis officiellement Prof d'Anglais et de Français. J'ai encore du mal à trouver des heures d'Anglais auprès de certaines compagnies auxquelles j'ai postulé car je suis Français et non natif anglophone et que cela prend tout de même un peu de temps de se faire un réseau dans un pays dont on ne parle pas la langue.

Cette recherche intense de l'anglophone natif, bien que se justifiant notamment par le niveau (encore que étant donné le niveau global des étudiants japonais un gradué Français ayant fait des études à l'étranger est plus que compétent parfois plus que certains anglophones) est surtout justifiée par la crise, en effet avec la crise dont les conséquences sont très fortes au japon, les gens prennent moins de cours et le nombre de jeunes profs décidant de partir en terres japonaises pour enseigner augmente de façon exponentielle la bataille est bien plus rude qu'il y a quelques années. Toutefois pas de panique j'ai réussi à me faire une place dans deux compagnies me donnant des heures et bientôt une troisième devrait me combler le reste de l'emploi du temps.

Je dois aussi vous parler des qualités qui font un bon prof à Tokyo., c'est assez surprenant, d'autant plus que pour beaucoup d'étudiants, l'apprentissage de l'anglais est souvent vu comme une séance d'une quelconque activité. Il convient de la pratiquer régulièrement mais travailler fort n'est souvent pas l'objectif premier. Un bon prof doit donc savoir parler et être pédagogue c'est sur mais souvent il n'y a pas besoin d'un diplôme en éducation pour avoir des clients. le facteurs principal: Une bonne pub ! ainsi dans les boites, cela se traduit souvent par un Blog ou un profil incluant l'élément le plus important la photo, beaucoup de japonais et japonaises aiment socialiser avec leur professeur(e)s (voir même de temps en temps flirter) ans se tuer à la tache linguistique. Ainsi, il est admis que les jeunes profs doivent principalement avoir une photo sympa et savoir dire ce qu'ils pensent du japon et de sa culture pour que les étudiants réservent des classes avec eux. Le secret que peu de profs aiment publiciser étant maintenant révélé, on peut donc passer à autre chose.


J'ai parlé du côté négatif d'être français pour enseigner l'anglais, le côté en revanche favorisant d'être Français et apte à l'enseigner (du moins j'espère bien le faire) est que le nombre d'étudiants qui veulent des leçons juste pour maitriser quelques phrases et impressionner les amis ou préparer un voyage de quelques semaines est assez important. Du coup je commence à me faire un petit réseau d'étudiants à qui j'enseigne le français et cela va en augmentant !

Tout cela pour annoncer que l'objectif que je m'étais fixé de trouver un travail ici est en passe s'être réalisé, le "break even point" n'est pas encore atteint mais j'ai la formidable chance de ne pas être astreint à un bureau fixe, je fais mes horaires de travaille dans des endroits différents de la ville et je peux rencontrer beaucoup de gens dans et surtout autour de mes heures de cours, très important pour le networking du nouvel arrivant !
Les expériences que je vis professionnellement sont sympa, elles ne paient pas encore totalement la soupe mais je l'espère bientôt, en voilà un petit exemple:

les English conversation café
Les japonais parlent en général très peu l'anglais, mais ils le lisent et l'écrivent souvent assez bien enfin mieux. Ils ne se sentent souvent juste pas assez confiants (trait de caractère très répandu j'ai l'impression) pour le parler et donc ne le pratiquent pas; Effet boule de neige, ils se convainquent eux même d'en être devenu incapable.
Dans les English conversation café, Les étudiants ayant un niveau convenable d'anglais mais en manque de pratique viennent discuter autour d'un café avec un Chat Host à une table et plusieures personnes.
Je suis Chat Host dans ces cafés, ainsi j'ai juste à mener la discussion de la table pendant 3 ou 4 heures et faire parler les gens sur leurs expériences, leurs avis sur l'actualité...etc. Ce n'est pas bien payé, mais ce n'est pas vraiment du travail et à part la production de salive énorme et l'envie de se taire pendant quelques temps àprès c'est très relax. Le truc génial pour un étranger comme moi c'est ce brassage de personnes différentes de 7 à 77 ans qui va et viens à la table. Ainsi ce petit boulot me permet de parler et connaitre plein de gens et de d'avoir un bref apperçu de la vie des Tokyoïtes.

Voilà une des expériences sympa que j'ai la chance de vivre ici.

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Se retrouver ici, ça fait quoi ?

Avec un petit peu plus de recul et la retombée de l'excitation de l'arrivée, je dois dire que je suis très content de vivre cette expérience. Si j'avais déjà vécu à l'étranger pendant mes études au Canada, le fait de partir à un dans l'inconnu des surlendemains tant du point de vue petits boulots ou ville dans laquelle s'installer, en rencontrant
une multitude de chemins à arpenter, de portes à ouvrir ou laisser fermer. Qui plus est, à un stade de sa vie ou les décisions de vie ou professionnelles à venir seront déterminantes pour le deuxième quart temps (fonder une famille entre autre).
Tout cela offre une formidable bulle d'air pour réfléchir et penser sainement à ses projets personnels, ses amis, sa famille, les choses qui comptent vraiment. Je trouve ici des conditions de réflexion personnelles qui m'ouvrent l'esprit non seulement sur une autre partie du monde mais aussi en moi.

J'essaye de partir en randonnée autour de Tokyo une fois par semaine, en groupe ou parfois seul, je me surprend à songer et planifier des heures durant à des projets nouveaux, à pousser ma réflexion sur des projets anciens que je n'avais pas même fait évoluer en un an passé à Nice.

En bref, je pense que ce voyage est très positif bien au delà de l'aspect évidemment très important de profiter le jeunesse et de toutes les choses ordinaires, folles, positives ou négatives, parfois immatures et souvent inattendues sur ces bouts de trottoirs, ces bords de tables, ces coins de chambres de cuisines et de salons, ces carrés d'herbes, ces endroits confinés, ces balcons et toits d'immeubles, ces rames de métro, ces collocations...

N'oubliez pas de laisser vos commentaires !